Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/14

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des événemens actuels : j’ai dépensé imprudemment, me dit-elle, des fonds assez considérables, abusée par les espérances que faisaient naître en moi mes compatriotes, et je vois de jour en jour combien ils se trompent. Je lui fis part des raisonnemens que contenait votre lettre à mon cousin, et ils ne sont pas faits pour favoriser l’espoir d’un prompt et heureux changement ; elle en fut frappée et vint me revoir le lendemain, après avoir fait de profondes et tristes réflexions. C’est une femme à peu près de mon âge, expatriée comme moi, comme dix mille autres, et qui n’a d’autres ressources pour vivre qu’une petite industrie, dont elle a jusqu’ici tiré un assez bon parti. Elle attend quinze à dix-huit mille francs, et c’est le seul secours qu’elle puisse espérer jusqu’au moment très-incertain du