Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/148

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me survivent, et que leur esprit ait une force que le mien n’aura jamais. Je n’aimais pas le Comte ; mais j’étais bien loin de le haïr ; il ne m’a jamais donné de grands sujets de plainte ; il n’avait rien de brillant dans l’esprit, mais ne manquait pas de sens ; s’il ne flattait pas mon amour propre, il l’embarrassait rarement à un certain point, et ses voyages, ses occupations ne permettaient pas que ses assiduités me fussent importunes ; enfin je crois qu’il y a beaucoup de femmes plus mal partagées que je ne l’étais. Vous avez toujours eu contre lui une sorte d’aversion que je m’efforçais de vaincre ; vous saviez mauvais gré d’être mon mari, à un homme, disiez-vous, si inférieur à moi ; mais comme je vous l’ai dit mille fois, sans adopter les illusions de votre amitié, ce n’est point à lui qu’il fallait s’en prendre,