Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/199

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à l’armée que dans une ville éloignée de l’ennemi. Je n’ai jamais songé à ma conservation ; mais chaque jour à présent je m’applaudis d’exister, d’avoir un jour de plus. Il arrivera, celui où jetant les yeux sur l’univers entier, je ne verrai personne à qui je puisse envier quelque chose ; je ne verrai rien qui soit l’objet d’un désir pour moi. Les plus grands empereurs avaient encore des souhaits à faire, pour la gloire ou la puissance ; mais moi, et permettez que je dise vous, nous n’aurons de vœux à former que pour la durée de notre bonheur. Je suis tout entier à l’espoir, aucune crainte ne me trouble, et ces heureux pressentimens ne seront point trompés. Je n’éprouve de désirs que de voir aller le temps plus vite. Encore six semaines !… elles s’écouleront, ma chère amie, toutes lentes qu’elles