Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/235

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donnerait de quoi vivre, et faire un bon petit commerce ; mais comme je me souviens toujours de mon pauvre père qui avait à Troye, une belle et bonne auberge, connue à cent lieues à la ronde. C’était le lion d’or, et on y faisait des biscuits excellens, dont les plus grands seigneurs faisaient provision en passant. J’en ai la recette, et qui nous empêcherait d’en faire ? sans le feu qui a pris à la maison et l’a toute brûlée, (je me souviens encore de cela comme si j’y étais,) Bertrand n’aurait jamais été domestique. J’étais là comme le poisson dans l’eau, et l’argent roulait dans la maison ; mais tout est pour le mieux, ma chère Jenny, et j’aurais été vingt ans dans la misère, que je n’en serais pas fâché, vois-tu, si il fallait cela pour avoir connu Jenny. Je serai presque aussitôt que ma lettre à Lœwenstein, ma