Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/245

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chambre m’a remplacée, et j’ai été me mettre à table ; mais une demi-heure après, cette femme est rentrée dans la salle à manger pour me prier de monter : sa maîtresse, m’a-t-elle dit, venait de se réveiller en sursaut, et tout en sueur. Elle se tord les mains, frissonne, tressaillit. Arrivée près de cette chère amie, quel spectacle m’a frappée ! je l’ai trouvée dans le plus grand désordre, sans bonnet, sans fichu, sanglotant, haletant, et ensuite demeurant un quart d’heure les yeux fixes. Je lui ai pris les mains, j’ai pleuré moi-même, et n’ai pu que prononcer de moment en moment : ma chère Victorine. Il s’appelait Victor aussi, s’est-elle écriée ; c’était son nom, nous avions le même nom… Je l’ai recoiffée, et j’ai voulu l’engager à prendre quelque nourriture, car elle n’avait pas mangé de la journée.