Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/67

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pour exiger et attendre d’un être aussi mobile et changeant que l’homme, des sentimens durables, et ces sentimens ne me serviroient à rien. Je ne vous parlerai pas non plus de ma tendresse paternelle ; ôtez de ce sentiment l’amour de la domination, et la vanité de se perpétuer, ôtez-en l’habitude, que reste-t-il ? La domination ne m’a jamais plu, et me fatiguerait ; la vanité, j’ai passé ma vie à la combattre ; l’habitude, j’ai peu vécu avec vous, et nos goûts et nos sentimens diffèrent comme nos âges. J’ai donc pour vous ce sentiment que produit l’impression d’un objet qui plaît : votre figure m’intéresse, votre esprit m’est agréable, et votre cœur m’a paru bon ; tout cela joint à la raison, m’a conduit à m’occuper de vous rendre heureux. Quel est ce sentiment ? Ce n’est pas celui qu’on appelle amitié ? non, car il