Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/66

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sang froid ? J’étais déterminé à user d’un poison aussi sûr que prompt, que j’ai toujours porté sur moi depuis la Révolution, lorsque la nature bienfaisante m’a épargné cette peine. Ma poitrine s’est affectée, et le mal augmentant sans me faire souffrir, m’a conduit insensiblement au dernier terme. Je me suis alors occupé de vous faire passer les fonds que j’avais rassemblés pour vous ; tâchez de les placer surement en pays étrangers ; car ils sont peut-être votre dernière et unique ressource. Il faut avant tout se garantir de la misère ; tout autre malheur doit peu affecter un homme jeune et bien portant ; mais le besoin, la dépendance, et le mépris des autres empoisonnent la vie, flétrissent l’ame, abâtardissent le génie. Je ne vous demande point de vous souvenir de moi, car je ne suis pas assez insensé