Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/83

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père ; il est revenu chez moi comme égaré, et pouvant à peine parler ; j’ai envain essayé de calmer son désespoir, en lui représentant que la mort lui avait dérobé le spectacle des horreurs que la barbarie avait exercées sur un être inanimé ; mais cette circonstance semble au contraire ajouter à sa douleur, par l’idée que l’a mort même n’a pu sauver son père de la rage révolutionnaire. Je vous avoue que j’éprouve aussi le même effet ; on est habitué à un certain respect pour les morts, et les indignités qu’on exerce sur leurs restes inanimés, nous inspirent une horreur extrême. J’ai voulu engager notre malheureux ami à rester avec moi, et à habiter pendant quelques jours une petite chambre de mon humble demeure ; il a voulu partir absolument, pour retourner à son hermitage ; mais je ne souffrirai pas qu’il