Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/87

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Le Marquis ne se gêne pas avec moi ; il m’interrompt et me quitte sans façon, il est enfin comme s’il était seul ; mais avec d’autres personnes il s’efforcerait par politesse d’écouter la conversation, et finirait par y prendre part ; enfin il n’aurait pas la liberté de manger à la hâte, de quitter la table, et de s’abandonner si facilement à ses tristes réflexions. On ne peut attaquer de front les sentimens profonds, il faut user de ruse, et opérer le plus naturellement possible des distractions. Vous êtes heureuse, madame la Comtesse, au milieu d’une famille qui vous chérit, et je me reprocherais de noircir votre imagination par cette triste lettre, si je ne savais que la sensibilité a besoin de s’exercer, et préfère à une indifférence apathique les objets même qui lui procurent de douloureuses affections. Je continuerai