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- tice de fait en sévissant également dans les circonstances
- dont la diversité peut être compliquée de mille manières
- nouvelles et imprévues ; soit qu’attribuant au magistrat le
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- pouvoir de prononcer selon sa sagesse, nous le laissions
- en effet opter entre l’opulent qui a tant de moyens de le
- séduire et le pauvre qui ne peut rien, entre le coupable
- qui protège et le juste inutile. Dans la répartition des
- emplois et de la confiance publique c’est pis encore : si
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- le peuple fait les nominations, sera-t-il sans passions
- quand tout ce qui l’entoure les excite en lui, ou ne se
- passionnera-t-il que pour un vrai mérite comme s’il le
- pouvoit discerner quand les dehors imposans ne
- l’annoncent que là où il est le plus rarement ; et sera-t-il à
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- l’abri des séductions, quand tous les moyens de séduction
- sont préparés pour l’éblouir, quand ses besoins et
- ses misères les autorisent tous et les légitiment. Si les
- chefs des gouvememens donnent les places, qui ne sait
- qu’ils voudront être aidés par les riches et soutenus par
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- les hommes déjà puissans ; dès que ces voies de corruption
- seront ouvertes, ils ne chercheront que des esclaves
- faciles pour leurs vues personnelles et non des hommes
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- utiles à | leur pays. Tout dans l’état va se perdre et se
- corrompre, ou plutôt il n’y a déjà plus rien à perdre.
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- Les mêmes causes qui rendent illusoire cette égalité
- tant vantée par ses secrets ennemis, ne font aussi qu’un
- vain mot de la liberté politique, inutile simulacre, dont
- le culte partage ce servile univers en esclaves qui
- connoissent leurs fers, et en esclaves qui même ne les sentent
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- pas. Je veux que la liberté soit le consentement aux lois
- établies par la majorité. En ce sens même un peuple
- simple peut seul être libre. Mais où est la cité dont les
- lois ne soient pas l’ouvrage d’une très-foible minorité ?
- L’assemblée d’un peuple n’est souvent composée que du