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- veloppe l’essence des choses ; combien il seroit téméraire
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- à l’être borné qui ne peut percevoir qu’un rapport appa-
- talens, leurs génies élèvent au-dessus du vulgaire, et dont l’opinion
- peut faire autorité. Mais supposons que l’immortalité soit une
- erreur, il est tout simple que l’on ne revienne à aucun âge de l’erreur
- dont l’expérience ne peut à aucun âge nous détromper ; il
- est tout simple encore que la plus sublime, la plus séduisante
- des erreurs, et par la raison que l’on vient de voir, la plus difficile
- à quitter, soit celle qui séduise les esprits nobles, avides,
- ingénieux. Tant d’illusions, dont l’expérience de chaque homme
- détrompe tous les jours, en séduisent néanmoins le plus grand
- nombre ; l’on ne peut être surpris qu’il faille une sagesse bien
- rare pour être détrompée de celle qui flatte le plus les grandes
- ames, et sur laquelle l’expérience ni des autres, ni de soi-même,
- ne peut rien apprendre.
- La vie est une série d’impressions et d’idées. Il y a dans cette
- série une suite, une sorte de continuité, ensorte qu’une affection
- participe de la précédente, et paroît essentiellement liée à celle
- qui suit : il en a résulté une habitude de cette même continuité
- d’où nous inférons une durée sans terme. Mais pour que cette
- attente illimitée de l’avenir prouvât quelque chose en effet pour
- notre indestructibilité, il faudroit que cette série, que nous
- supposons ne devoir pas finir, n’eût pas commencé non plus ; car ces
- deux termes nous surprennent l’un comme l’autre. Si l’un est
- réel, comment l’autre seroit-il contradictoire ? Vous riez de la
- métempsycose ; sa fable étoit plus ingénieuse et plus conséquente.
- leur génie élèvent – 6-8. vulgaire. Mais admettons un moment que l’immortalité ne soit qu’un songe, ne trouverons-nous pas naturel que l’on – 8-19. d’un préjugé dont l’expérience d’aucun âge ne peut nous détromper ? Il est tout aussi naturel que les esprits nobles, avides, ingénieux soient plus facilement séduits par l’erreur la plus séduisante en effet et la plus sublime, par celle de toutes qu’il est le plus difficile de reconnoître autrement que par le raisonnement. D’autres illusions, bien certainement telles, ont séduit de grands esprits ; comment serons-nous surpris qu’on soit rarement détrompé de celle qui flatte surtout les grandes ames, et sur laquelle on ne peut rien apprendre de positif ? L’homme des sociétés présentes ne renonce pas facilement à cette haute consolation, lui qui a tant besoin d’être consolé. *La vie – 19-20. idées. C’est une suite – 22-3. continuité ; et notre imagination ne voit point de terme à cette régénération intellectuelle qui effectivement n’en auroit point, si les organes ne lui manquoient pas. Mais – 24-5. prouvât notre – 25. faudroit au moins que – 26. commencé ; car – 27. termes surprennent. – 28-30. contradictoire ? *J’adjure – 32. de l’immortalité ; que cette – 34.