Aller au contenu

Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
et dès-lors invariable. Il est vrai qu’il ne pensoit pas que

450

le sage dût long-tems s’arrêter à douter ; et qu’ainsi l’on
devoit attendre de lui qu’il parlât plus en grand et
éloquent moraliste qu’en métaphysicien profond. Il paroît
donc s’être moins attaché à chercher ou à démontrer
une vérité nécessaire, qu’à établir une croyance utile ; et

455

dans notre ordre social il pouvoit penser que la consolation
de l’espérance convenoit mieux à l’homme individuel
que la vérité qui décourage.
Parmi les hommes que nous connoissons, Socrate
pouvoit dire : si la raison libre de préventions mais non

460

d’erreurs, s’arrête à sonder cette question essentielle et obscure,
elle trouvera que l’ame, en tout dépendante des effets
physiques, intérieurs ou extérieurs, se fortifie et s’éteint

[227]

avec le corps, partage son | énergie dans la santé, et s’abat
comme lui dans la maladie ; que ses affections dépendent

465

de l’air subtil ou triste qu’il respire, du fluide ardent ou
épuisé qui circule dans ses veines ou ses nerfs ; et qu’ainsi,
variable comme lui et par lui, elle paroît avec lui périssable.
Mais considérons de quelle impénétrabilité[S 1] s’en-


  1. J’ai passé sous silence des objections dont la réponse me
    paroît facile pour ceux qui cherchent la raison des choses. On
    observe, par exemple, que le desir de l’immortalité est de tous
    nos desirs le seul que la vie toute entière ne puisse éteindre ; et
    5
    qu’il est la passion des hommes que leurs connoissances, leurs

    parce que si la brute a un sentiment moins étendu, une pensée plus informe en quelque sorte, pourtant elle sent et délibère, et qu’ainsi les effets étant de même nature, on est choqué de cet excès de prévention qui veut absolument y chercher un autre principe. L’âme est soumise aux effets – 462-4. extérieurs ; elle se fortifie et s affoiblit avec le corps, elle est énergique dans la santé, elle souffre dans la maladie ; ses affections – 465. triste que le corps aspire – 466-8. qui y circule ; variable comme le corps et avec le corps, elle paroît périssable comme lui. Cependant considérons – N. 13 (insérée après la l. 488). – 3. observe que – 3-4. est le seul – 4. vie entière – 4-5. et qu’une autre espèce d’immortalité fait la passion – 5-6. connoissances ou