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Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/199

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lités pour substituer des rêves qui nous flattent, aux

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conceptions naturelles que nous rejetons parce qu’elles
renverseroient notre œuvre factice !
Qu’entend-on par liberté ? le tout n’est-il pas essentiellement
selon sa nature ? a-t-il le pouvoir d’être autre qu’il
n’est, de n’être pas lui-même ?

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L’individu est-il libre ? l’action nécessaire de l’être
universel ne nécessite-t-elle pas les modifications de ses
parties ? Si un seul être est libre, l’univers n’a plus de forme
déterminée ; le mode de son existence n’est plus qu’un
fantôme.

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On a dit très-bien, le hasard n’est que le cours inapperçu

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de la nature. La liberté | est un être chimérique
comme le hasard ; elle n’est que la cause déterminante
inapperçue.
Si tout est nécessaire, la cause première, la raison de

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l’univers est seule incompréhensible ; (c’est-à-dire simplement
inconnue à l’homme) s’il est autrement, la nature
est toute entière inexplicable et contradictoire aux yeux
de l’homme.