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Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/201

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donner aux vertus une sanction céleste, on en fit la cause
de tous les biens, le bon principe. Le modèle que l’on
proposoit à l’homme, ne pouvoit être la cause d’aucun

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mal, il fallut donc que l’autre principe produisît les maux
par la force d’inertie qu’il opposoit aux biens. Il étoit
difficile d’expliquer par cette seule résistance le mal positif ;
on fit ce second principe opposé en tout au premier,
voulant et produisant comme lui, et tantôt égal,

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subordonné, ou supérieur, selon que le génie des peuples et

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l’imagination de | leurs sophistes les portoit à voir dans
la nature l’équilibre entre les biens et les maux, ou une
somme plus forte des uns ou des autres.
Des Égyptiens qui instruisirent Pythagore jusqu’à

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Leibnitz, et de l’Inde aux Gaules, l’ame universelle fut reconnue
par les Zenon, les Orphée, les Zoroastre, les Marc-Aurèle,
par les Mages et les Druides. Nombre d’hypothèses
qui semblent opposées entre elles, n’en sont que
des interprétations différentes on l’apperçoit dans

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Malebranche comme dans Spinosa. Anaxagore développoit
les êtres organisés en assimilant sa matière active
à ses corps homogènes ; et les divers degrés d’activité
des Monades ne sont que la distinction entre la
matière subtile et la matière indifférente. Cudworth,

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Willis, Euler et tant d’autres n’ont pu s’écarter des deux
principes, l’un actif, l’autre indifférent, qu’en en supposant
qui se rapportent visiblement à eux. Descartes, en
demandant de la matière et du mouvement pour créer
un monde, demandoit de la matière non active et de la

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matière active ; car sans celle-ci, comment concevoir du
mouvement ?
L’Amour et l’Éther des Grecs ne sont que la matière
subtile ; les mauvais génies reçus dans toutes les parties

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du globe, le Typhon et | l’Arimane ne sont, comme le