Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/46

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rale et absolue, est vrai pour l’individu ou pour l’espèce
particulière.

[40]

Ainsi quoique tout choix soit illusoire, il est inévitable

330

que l’homme délibère.
Ainsi le bien et le mal existent dans les rapports des
choses avec la conservation ou la destruction de tel être
organisé [S 1].

[41]

Ainsi le juste et l’injuste existent dans l’ordre | social,

335

en supposant que la cité ait déterminé ce qu’elle admet ou
rejette comme tel.
Mais il n’y a de mal et de bien que pour l’individu : et
il n’est de justice ou de moralité que celle convenue,
et dont l’objet naturel est la conservation et le bien-être

340

du plus grand nombre dés individus qui en ont adopté
le mode arbitraire [S 2]

[JM 1]

  1. Le meurtre d’un lièvre est un mal pour le lièvre qu’il
    détruit, et un bien pour les aiglons auxquels le porte l’aigle
    ravisseur. Toute chose est à la fois bien et mal dans ses divers
    rapports.
  2. …… Espérons que cette même nécessité, qui força
    l’homme durant tant de siècles à s’affliger et à se détruire, lui
    fera enfin trouver et suivre les moyens naturels d’occuper ses
    jours rapides par une suite de sensations heureuses… et
    5
    oublions quelquefois cette irrésistible nécessité ; car, pour l’homme
    détrompé des illusions contraires, la vie est absolument vaine, et
    le charme une fois dissipé, tout principe d’activité est éteint.
    Heureusement la vie de l’homme dépend surtout du jeu actuel
    de ses organes, et peu du résultat indirect de leurs impressions
    10
    éloignées, la raison. Celui qui a le malheur de voir trop en grand,
    a le bonheur d’agir d’ordinaire comme celui dont la vue est la
    plus circonscrite.
  1. A. – 338. et de moralité – 340. d’individus. – Note 12, l. 3. ravisseur. Il n’y a donc ni bien, ni mal absolu, toute chose – Le premier paragraphe de la note 13 fait partie du texte ; le deuxième constitue la note avec renvoi au mot vaine (l. 6).