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Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/60

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impulsion donnée ; celle même que nous produisons en
nous, tarde peu à se modifier selon une direction générale,

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et si nous nous oublions un moment, nous nous
trouvons bientôt dans une sorte d’accord avec ce qui nous
environne. Tout tend à l’unisson dans une sphère d’activité.
Le mouvement est même plus facile que le repos à
un corps jeté parmi d’autres corps en mouvement ; il est

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entraîné, s’il ne fait constamment un effort contraire ;
mais qu’il s’abandonne, il recevra sans peine autant d’activité

[58] qu’il en eût pu produire dans | l’isolement, en épuisant

ses propres forces.
Trop d’impressions différentes se combattent avec une

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sorte d’effort, et dans cette oscillation trop précipitée ou
trop inégale, l’on ne sauroit être doucement entraîné.
J’éviterois également d’être agité par des objets trop frappans
ou en trop grand nombre. Je ne m’assiérai point
auprès du fracas des cataractes ou sur un tertre qui

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domine une plaine illimitée ; mais je choisirai, dans un
site bien circonscrit, la pierre mouillée par une onde qui
roule seule dans le silence du vallon ; ou bien un tronc
vieilli, couché dans la profondeur des forêts, sous le
frémissement du feuillage et le murmure des hêtres que le

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vent fatigue pour les briser un jour comme lui. Je marcherai
doucement, allant et revenant le long d’un sentier
obscur et abandonné ; je n’y veux voir que l’herbe qui

[JM 1]

[JM 2]

  1. A. – 68. m’asseoirai
  2. C, VIIe Rêv., p. 36 sq. = l. 64-94. – 64-78. Des impressions trop diverses s’affoibliroient mutuellement, et aucune situation ne seroit assez déterminée pour être bien sentie. Vous ne choisissez point le tertre avancé qui domine une vaste plaine mais vous vous asseyez sur un tronc vieilli couché dans la forêt épaisse, sous le frémissement du feuillage des hêtres plus jeunes que déjà les vents fatiguent, et dont les jours suivans verront tomber la vieillesse. Vous marchez doucement dans le sentier abandonné. Vous ne voulez y voir que la ronce – 78-9. sur ce sable devenu humide,