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Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/67

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convient mieux à l’habitude des rêveries profondes et des

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pensers amers.
Douce et mélancolique automne ! saison chérie des
cœurs sensibles et des cœurs infortunés, tu conserves, tu
adoucis le sentiment triste et précieux et de nos pertes et
de nos douleurs ; tu nous fais reposer dans le mal même,

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en nous apprenant à souffrir facilement, sans résistance
comme sans amertume. Tes ombres, tes vapeurs, tes
feux qui s’éteignent, et ce revêtement antique que tu
commences à dépouiller ; tout ton aspect délicieux et
funèbre attache nos cœurs aux souvenirs des tems écoulés,

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aux regrets des impressions aimantes. Émus, attristés,
navrés, nous t’aimons, nous te bénissons, car tu nous
ramènes au charme aimable des illusions perdues, tu
reposes à demi le voile consolateur sur nos yeux fatigués
d’une imprudente lumière. Douce automne, tu es la saison

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chérie des cœurs sensibles et des cœurs infortunés !
Tes jours plus courts et ton soleil plus tardif, semblent
abréger nos maux en abrégeant nos heures. À travers tes

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brouillards, portés sur les prairies, l’aurore elle-même |
suspend sa lumière douteuse. Le voile vaporeux laisse au

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matin le silence de la nuit et la paix des ténèbres, et nous
nous éveillons libres du poids des heures écoulées, et
incertains même s’il faut déjà vivre ou si nous reposons

[1]


    * Reste épuisé de la splendeur des beaux jours, dernier effort de vie mêlé d’une sorte de langueur et qui bientôt va s’éteindre sous les frimas ténébreux, mélancolique Automne ! saison plus chère à notre âme infinie et malheureuse, tu conserves – 223. sentiment cher à-la-fois et triste de – 224. et de nos besoins, et de nos songes, tu nous fais ainsi reposer dans nos douleurs mêmes – 225. nous invitant à – 225-6. résistance inutile, et sans amertume, comme sans espoir. Ces.., ces.., ces – 227. s’éteignent, ce vêtement – 228. tout cet aspect doux et – 229-36. à la mémoire des temps écoulés, et aux regrets déjà vieillis des impressions aimantes. Ces jours – 236. courts, ce soleil – 237. ces brouillards – 238-9. l’aurore suspend sa lumière ; le – 240. ténèbres nous –

  1. A. – 223. précieux de 225. résistance et comme