- encore. Automne ! doux soir de l’année, tu soulages nos
- cœurs attendris et pacifiés, tu portes avec nous le fardeau
245
- de la vie !
- Toi seule fais oublier et les plaisirs du printemps et la
- splendeur des étés. Cet espoir séduisant, ce charme nouveau,
- tout ce délire expansif des premiers beaux jours ne
- valent pas, ô automne ! ta simple et paisible volupté. Ces
- de la vie !
250
- nuits éclairées du solstice, cette durée des jours, cette
- profusion et de vie et de lumière, l’été dans sa puissance
- et toute sa splendeur, ne vaut pas, ô automne ! la simplicité
- de tes dons, cette douce température, ce silence ineffable
- et des cieux calmés et de la terre mûrie et reposée.
255
- Que le jeune cœur, avide d’amours et d’illusions, se livre
- dans son enthousiasme aux erreurs du printemps, je ne
- veux pas le détromper : l’ombre du bonheur s’est retirée
- sous le voile ; il ignore la vie et s’ignore lui-même ; qu’il
- jouisse longtems : pour moi je t’aime, douce et mélanco|lique
260 [68]
- automne ! tu es douteuse et fugitive comme la
- vie de l’homme. Si belle encore, et pourtant si voisine
- des frimats nébuleux, tu apprends à son cœur détrompé,
- que du moins le présent peut s’écouler doucement dans
- l’oubli des maujx que-là crainte anticipe.
265
- Le renouvellement de l’année agite nos cœurs de desirs
- immodérés et d’affections indicibles. L’homme froid peut
244. cœurs soumis et le surprenant fardeau – 246-50. *Nos cœurs ardens, mais fatigués, préfèrent aux puissantes promesses de l’été, la paix de l’automne et sa physionomie calme quoiqu-un peu douloureuse. Les nuits éclairées, la durée – 251. profusion de – 251-4. l’été dans toute sa splendeur, n’intéresse pas comme l’automne en sa simplicité. Il y a une harmonie plus profonde dans cette température affoiblie, dans ce silence des cieux – 254-6. reposée. * Les âmes avides se livrent dans leur enthousiasme – 256-7. printemps car l’ombre – 258-60. sous ce voile ; qu’elles ignorent la vie, qu’elles jouissent long-temps ! Mais la tranquille automne est la saison de l’homme fait : elle est douteuse – 260-77. comme les choses de la terre, paisible enfin, mais voisine des frimas,