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- beau jour, consolante comme le soir de la vie, et tes
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- émotions chéries se perpétuent dans le vague des souvenirs,
- et agrandissent notre être dans l’abîme du regret
- inénarrable.
- Vous, à qui les touchantes soirées d’octobre conviennent
- davantage qu’un matin du mois de mai, comptez que la
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- vie a déjà perdu pour vous son illusion fugitive ; que les
- regrets seront vos seuls plaisirs, et qu’il n’est plus d’autre
- habitude du cœur qu’une mélancolie qui consume et que
- l’on aime. Le charme une fois dissipé ne revient jamais.
- Vous êtes dans le soir de la vie, et son couchant se
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- prépare. Descendez doucement vers la nuit de la tombe : il
- n’est plus pour vous d’aurore ; vos yeux fatigués ne verront
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- pas même l’éclat du | midi, et le seul espoir qui vous
- reste est celui d’un sommeil paisible. — Mais ce repos, ce
- sommeil funèbre aura-t-il aussi son réveil ? Non, il ne
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- l’aura point…… Cependant reposez du moins.
- Les deux saisons extrêmes influent aussi sur nous ;
- mais il semble qu’elles soient plutôt l’occasion seulement
- que la cause directe des impulsions que nous éprouvons
- alors.
- l’aura point…… Cependant reposez du moins.
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- Les grands jours du solstice, saison riche et pompeuse,
- sont les jours que nos regrets rendent les plus pénibles.
- Cette température heureuse, ces nuits charmantes, cette
- terre abondante, cette nature si facile aux vœux de
- l’homme, si vivante pour son cœur, si productive pour
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- ses besoins : tout rappelle, tout invite, tout commande.
- Mais dans cette nature si remplie, si animée, quel vide
- ↑ C, VIIIe Rêv., p. 41 sq. = l. 335-344. – 335-8. Les longs jours du solstice sont trop beaux pour que nos regrets ne les rendent pas pénibles. C’est le commencement d’une saison trop forte, trop pompeuse. Cette température favorable, ces nuits heureuses, cette terre – 338. nature facile – 339-40. l’homme, arrangée pour ses désirs et riche pour ses besoins ; tout – 341. dans cet ordre si rempli, si animé, quel vide –