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- impuissante et trompée ! Le désordre est dans ses œuvres,
- le désordre est dans lui-même [1]. Enfin il arrive au terme,
- sans arriver au but : il se sent mourir. Plus d’avidité, plus
- d’avenir ; tout est dévoilé. Ainsi ce qu’il croyoit discerner,
- ne faisoit qu’apparoître dans les ténèbres ; et ce qu’il croyoit
- toucher, n’étoit point. Ces prétentions de la vie, ces projets
- passionnés, ces formes convenues, toutes ces ombres le
- quittent, lui vivant. Il se trouve seul, lui-même avec lui-
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- même ; sa pensée, ses besoins, ses forces, tout est | en
- présence ; tout seroit d’accord parce qu’il n’y a plus que
- lui. Le dernier instant où il puisse vivre est le premier où
- il sente la vie réelle qu’il pouvoit avoir, et qu’il a
- méconnue. Il distingue sur cette terre même, un autre monde
- où il n’a pas su entrer. Il dit : Oh si désormais j’avois
- à vivre ! mais ses organes consumés dans des puérilités,
- lui manquent ; et il tombe dans le passé.
QUARANTE-DEUXIÈME RÊVERIE
i la nature, dit-on, n’étoit autre chose que le produit- de l’ordre, si le monde étoit l’œuvre de l’intelligence, le
- malheur individuel n’en feroit point partie.
- Cette conclusion n’est pas juste, ou du moins elle n’est
- pas nécessaire. Il n’est point absurde d’admettre le malheur
- individuel dans l’ordre général ; il me semble que ce
- n’est contradictoire qu’en apparence. La douleur de l’in-
- ↑ Il veut soumettre tous les possibles à l’instinct de l’ordre, au lieu de s’attacher au seul possible dont l’ordre convienne maintenant à son intelligence.