Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/107

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On voudrait savoir quel succès obtint en haut lieu ce petit poème qui s’écartait si fort des traditions du genre.

Je me contente de mentionner une courte Prière pour la patrie (1835), probablement écrite à l’occasion des fêtes de septembre, où Weustenraad appelle les bénédictions du ciel sur la Belgique affranchie et sur le roi dont elle a fait choix. Le morceau est sans importance. Il n’en est pas de même des quatre pièces suivantes, véritables poèmes au sens ancien de ce mot, aussi considérables par leur signification et leur portée que par leur étendue, et qui ne peuvent laisser indifférent aucun Belge : Aux conquérants parisiens (1840), Le Remorqueur (1841), Le Haut-Fourneau (1844) et À la statue de la Patrie (1846).

Notre auteur n’a rien écrit de plus véhément que le premier de ces poèmes, qui est essentiellement une œuvre de circonstance. La France, sous le ministère Thiers, prétendait avoir été jouée par les puissances de la Quadruple alliance, qui, au Traité de Londres (juillet 1840), avaient réglé sans la consulter et au détriment de son protégé Méhémet-Ali, les affaires d’Orient. L’opinion publique s’échauffait, chez nos voisins du sud. Les chauvins parlaient de déclarer la guerre à l’Europe et d’envoyer une armée sur le Rhin pour venger l’honneur national, « déchirer les traités de 1815 » et rendre à la France « ses frontières naturelles ». Les partisans des « frontières natu-