Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/106

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contre l’arbitraire du roi Guillaume, il en était plus d’un qui gardait quelque méfiance à l’égard de la monarchie en général. À coup sûr, le régime politique issu de la Révolution de 1830 trouvait en Weustenraad un zélé partisan ; mais son loyalisme n’avait rien de courtisanesque. On s’en aperçoit en lisant la courte pièce intitulée Pour un Prince. Le premier-né de Léopold Ier et Louise-Marie était mort en 1834, âgé de quelques mois à peine. En 1835 naquit le prince qui devait être un jour le roi Léopold II : le poète citoyen dédia à cet enfant des vers qui se distinguent par la liberté du ton et la hardiesse du langage. Il y signale au futur roi, en une strophe curieuse, où le traditionnel a char de l’état » est audacieusement remplacé par une locomotive, les limites que la Constitution assigne au pouvoir du monarque. Bien loin de lui vanter ses prérogatives de souverain, il lui rappelle ses devoirs d’homme. Il l’invite à mériter par ses vertus le haut rang que le sort lui attribue dans la nation ; bien plus, il l’exhorte à se le faire pardonner, ce rang privilégié. La strophe finale est d’un anticlérical et presque d’un républicain :

Né, comme son pays, au milieu d’un orage,
Qu’il grandisse, avec lui, sous un ciel plus serein !
Que toujours sa vertu, que toujours son courage
S’élève à la hauteur de son noble destin !
Qu’il n’abaisse jamais, devant l’orgueil des mitres,
De son front mâle et fier la libre majesté,

Et peut-être le peuple, en faveur de ces titres,
xxxxxxxxL’absoudra de la Royauté.