Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par ces aimables journalistes qui ne cherchent que matière à opposition.

« Je sais que ma candidature eût pu rencontrer et a rencontré en effet des objections. On a dit que j’étais flamand, on m’a reproché mon accent ; on m’a même opposé ma taille et ma figure comme des fins de non recevoir. Ce n’est pas vous qui m’avez fait ces objections, mais elles ont pu vous être faites par d’autres. Je conviens que je ne remplis pas toutes les conditions physiques requises pour le rôle de professeur. Mais je suis persuadé que ces objections n’auraient exercé aucune influence sur votre détermination. Le choix de Sainte-Beuve, qui n’est pas non plus un géant ni un Adonis, le prouve du reste.

» Je désire maintenant que Sainte-Beuve réussisse. J’ai hier même recommandé à tous les professeurs que je compte au nombre de mes amis, de lui faire bon accueil, dans l’intérêt de l’enseignement et de l’université dont il est devenu membre.

» Je ne garde rancune à personne. Je ne puis pas haïr. Vous me promettez que, de votre côté, vous ferez tous vos efforts pour bannir toute amertume de votre cœur. J’ai droit d’y compter.

» Pour moi, quoique je me trouve aujourd’hui rejeté dans une situation inférieure à celle où j’étais en 1827, époque à laquelle, libre et indépendant, j’étais parvenu en moins de quelques mois à me