tanée, ne pouvait garder longtemps rancune à Weustenraad, envers qui, peut-être, il se reconnaissait secrètement des torts. Mais le poète semble avoir été plus lent à pardonner, quoi qu’il en dise lui-même. Dépité, humilié, découragé, et d’ailleurs excessif en tout, il fit un coup de tête. Auditeur militaire à Bruxelles, il demanda à pouvoir « permuter » avec son collègue de Namur, qui, cela va de soi, acceptait la combinaison. J’ai retrouvé dans les papiers de Weustenraad le brouillon de la requête qu’il adressa à cette occasion au ministre compétent. Il y invoque son « désir de vivre en famille, éloigné de tous les troubles de la vie politique, la nécessité de soigner sa santé altérée par son séjour à Bruxelles. » Et, comme le changement sollicité eût constitué pour lui, sous tous rapports, le contraire d’une promotion, il prie le ministre de mentionner dans son arrêté que la permutation a lieu à la demande de l’intéressé, « afin qu’elle ne puisse être considérée comme une disgrâce ou une déchéance. »
Il existe une lettre de C. Materne à Weustenraad, datée du 11 septembre 1848, où ce fonctionnaire s’exprime comme suit, au sujet du refroidissement qui s’était produit entre le ministre et le poète : « Je ne reviendrai pas sur cet incident, qui sera bientôt de l’histoire ancienne. » Puis il passe à l’étrange requête de Weustenraad et désapprouve vivement le dessein formé par ce dernier d’aller « s’enfouir à