nous donnent vraiment un avant-goût de la poésie verhaerenienne. Il s’agit toujours du Remorqueur.
Emporté loin de nous par l’ardente vapeur,
Pareil, sans être aveugle, à l’ouragan qui gronde,
Avec tes bruits tonnants et ta sombre splendeur…
La rayonnante et large arène
Où mugit ton vol de métal…
…S’ils rencontraient, un soir, la formidable trombe
De flamme et de métal,
Roulant avec fracas à travers la campagne…
Quand, libre et triomphant, tu traverses le monde,
Une magnifique imagination éclate dans cinq ou six passages de ce livre, que distinguent la force, la grandeur et l’éclat, avec je ne sais quelle netteté nerveuse que j’aime fort. Voici deux strophes ayant trait, la première à Napoléon, la seconde aux révolutions de 1830.
Frappé d’un saint respect pour un culte oublié,
Quand à ses yeux surgit, les bras sur la poitrine,
L’ombre du Titan foudroyé
Qui déchaîna, quinze ans, dans sa course hardie,
Sur l’Europe des rois muette de terreur
L’ouragan plébéien d’où sortit son génie
En manteau d’Empereur !…
…Tout à coup il se fit un grand bruit dans le monde ;
Deux rois étaient tombés de la sphère des rois,
Et dans l’ébranlement de leur chute profonde,
Le peuple crut les voir tomber tous à la fois ;
Aujourd’hui même encor, qui de nous ne s’incline,