Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/58

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pas. Le journal l’indépendant ayant proposé pour le nouveau-né royal un titre de duc ou de comte, une gazette orangiste répliqua perfidement : « Eh bien ! soit ; ayons un duc de Brabant comme il y a eu un duc de Reichstadt et un duc de Bordeaux ». Cette phrase excita, parait-il, une indignation générale, et Weustenraad se fit l’écho du sentiment public dans une courte pièce que publièrent divers journaux. Je n’insiste pas sur ces strophes, qui sont fort médiocres, quoique bien intentionnées

La même année, le poète adressait une longue épitre, (148 vers,) intitulée le Tribun, à un journaliste belge, dont je n’ai pu découvrir le nom. Ce journaliste, après avoir combattu à côté de Weustenraad pour la cause de l’indépendance, faisait maintenant le jeu des orangistes en répandant le blâme sur tous les actes du pouvoir, et jetait ainsi le découragement et la discorde parmi les bons citoyens. Cette épitre fut-elle publiée dans un journal de l’époque ? Je l’ignore. Elle ne m’est connue que par un manuscrit conservé à la bibliothèque de Maestricht. Malgré quelques vers énergiques, quelques mouvements assez éloquents, le morceau a peu de valeur. Le style en est tendu, emphatique, déclamatoire : c’est le style des articles que Weustenraad écrivait à la même époque. En somme, c’est moins de la poésie que de la polémique ou du journalisme versifié. L’auteur devait avoir beaucoup lu la Némésis de Barthélémy.