Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/64

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ce, dont il ne devait connaître que les prémices.[1] La liberté de la presse était garantie par la Constitution. La liberté des langues l’était aussi ; bien que la Révolution dût avoir pour résultat, par une inévitable réaction, une prépondérance momentanée du français. Vers le même temps, le romantisme, victorieux en France, pénétrait sans fracas dans notre pays, où il n’obtenait droit de cité qu’à condition de s’assagir. Le milieu belge, décidément, devenait favorable à la culture des lettres françaises.

On ne peut guère signaler chez nous, dans le courant des années qui suivirent immédiatement la Révolution, que des efforts littéraires isolés, parmi lesquels se placent les Chants de réveil de Charles Donald. Les quelques revues qui paraissaient en Belgique à cette époque n’avaient pas la prétention de concentrer et d’activer le mouvement littéraire belge. Sans doute jugeaient-elles que le moment n’était pas encore venu. L’effervescence révolutionnaire était à peine calmée, la situation du nouvel état continuait à être précaire, la politique absorbait presque toutes les énergies. Pourtant, de bons esprits voyaient nettement ce qui restait à faire après 1830 : « Une nation qui a la conscience d’elle-même, disait Nothomb[2], est, à la fois, une puissance intellec-

  1. J.-F. Claes mourut en 1831.
  2. Essai historique et politique sur la Révolution belge.