Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

littérature exerçât à son tour une influence sur l’étranger. Son premier manifeste, on s’en souvient, parlait déjà de « l’obligation contractée envers le reste de la grande famille des peuples, de verser au foyer commun un contingent de lumières ». Weustenraad insiste sur cette idée dans son rapport de 1835 : « Sachons, dit-il, protéger nos écrivains contre les sarcasmes des sots, contre l’idiotisme des indifférents, contre les préventions des hommes à idées fixes, qui, par la seule raison qu’une chose n’existe pas, en nient la possibilité… Propageons leurs œuvres, des génies s’élèveront, et dans vingt ans, dans dix ans peut-être, l’étranger à son tour deviendra notre tributaire ». Paroles prophétiques ! Weustenraad ne se trompait que de quarante ou cinquante ans ; ce n’est pas en 1845 ni en 1855, c’est dans les dernières années du dix-neuvième siècle, que, grâce au talent d’un Verhaeren et d’un Maeterlinck, l’étranger a pu véritablement devenir « notre tributaire ».

La Revue belge, organe de l’Association nationale, devait être, selon les vues de ses fondateurs, un recueil ouvert à tous les écrivains sans distinction de doctrines littéraires ou politiques ; en somme, elle se proposait de réaliser dans le domaine littéraire l’Union qui avait triomphé, en 1830, dans le domaine politique. Elle prenait ce nom de littérature dans son acception la plus large. Outre des contes, des légendes, des poésies, des études critiques, elle pu-