Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/76

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Oserons-nous le lui reprocher ? Weustenraad est-il le seul de nos critiques qui, à son insu ou à dessein, ait patriotiquement surfait le talent d’un écrivain belge, dans le but de faire croire à l’existence d’une « littérature belge » ?

Ces articles nous renseignent du moins sur les idées littéraires de l’auteur, qui durent être celles d’une bonne partie de notre jeunesse aux environs de 1835. Il répudie la froide et laborieuse littérature de l’âge précédent. C’est, dit-il, perdre son temps que de le donner aux imitations, aux traductions, aux idylles, aux madrigaux, aux fables, à toutes les puérilités où se complaisait le classicisme agonisant. « Si vous saviez combien on est fatigué de tous ces petits vers qui ne disent rien, ne prouvent rien, n’éveillent aucun grand sentiment, aucune grande passion… La poésie ne vit que d’émotions. Que votre talent s’applique donc à éveiller en nous celles dont vous nous croyez susceptibles. Etudiez nos besoins, nos affections, nos sympathies. Pénétrez donc le cœur des hommes et des choses au lieu de voltiger autour de la surface, et cherchez vos inspirations dans tout ce qui vous paraît grand, utile et juste.[1] » Toutes ces généreuses exhortations ne laissent pas dêtre un peu vagues. Elles pourraient, semble-t-il, se résumer — et se préciser — à peu près de la manière suivante :

  1. Revue belge, 1835, t. 1, p. 60.