Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/77

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« Mettez dans votre œuvre une émotion, une pensée ; ne vous isolez pas, soyez de votre temps, proposez-vous, en émouvant vos contemporains, de les instruire et de les ennoblir… » Weustenraad est romantique, mais d’un romantisme plus soucieux d’élever l’âme et le cœur que de charmer l’imagination, et où l’on croit reconnaître l’influence de Schiller. Il regrette que le romantisme français ne se soit pas « soutenu à la hauteur où Chateaubriand, Lamartine et les premiers travaux de Hugo l’avaient élevé. » Ailleurs, il appelle Lamartine a le grand poète français ». Et il loue longuement[1] un ouvrage belge qui est, en même temps qu’un éloge de la Belgique, une satire du romantisme exagéré. Il s’agit des Voyages et aventures de M. Alfred Nicolas au royaume de Belgique, par Justin ***, pseudonyme de Fr. Grandgagnage. Ce livre curieux et trop oublié eut chez nous, en 1835, presque la portée d’un manifeste littéraire. L’auteur prétend combattre le romantisme français de l’époque, ou, comme il dit, l’ultraromantisme, par ses propres armes, qui sont l’horrible et le grotesque. Dans ce dessein, il nous conte la plaisante odyssée de M. Alfred Nicolas et de son serviteur Gaspar, — Don Quichotte et Sancho Pança, — à travers le jeune royaume de Belgique. La lecture des romans de l’école nouvelle a tourné la tête

  1. Revue belge, 1835, t. 1, p. 352-372 ; t. 2, p. 35-68.