Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/92

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les gouvernements démocratiques, quand la France rampait encore au pied de ses maîtres absolus… Votre émancipation politique ne date que de la Constitution de 1791, tandis que la nôtre remonte à la Paix de Fexhe et à la Joyeuse Entrée… Vous contestez encore aux Belges modernes l’honneur d’avoir obéi à des inspirations toutes nationales en secouant naguère le joug d’un prince étranger. La Révolution de septembre, dites-vous, n’est qu’un plagiat de la Révolution de juillet. C’est là une vieille accusation, qui a traîné dans tous les pamphlets dirigés contre nous… Ignorez-vous que l’exaspération contre les Hollandais régnait dans nos provinces longtemps avant qu’on pût prévoir la Révolution de juillet ? »

Les dernières pages de l’article sont particulièrement savoureuses. Michel Chevalier ayant déclaré que « la Belgique était française par les mœurs, » ce qui, sous sa plume, constituait évidemment un éloge, Weustenraad feint d’abord de s’en réjouir et de triompher vis-à-vis de ceux qui, naguère, raillaient notre rusticité et notre barbarie. Mais l’ironie de cette joie se démasque bientôt, et le polémiste relève malicieusement une contradiction échappée à Chevalier : « Après avoir rendu un hommage éclatant à l’urbanité de nos mœurs, vous dites que le seul rapport que les Belges modernes conservent avec les beaux-arts, leur seul effort pour exploiter le champ de l’intelligence consiste dans la contrefaçon littéraire. Comment avons-