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Page:Séverine - En marche…, 1896.pdf/13

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tuniste remplacera un royaliste, ou un bonapartiste, un radical ? Et un socialiste idem, pardi ! Même si celui-là est honnête, même s’il est de bonne foi, il sera envahi, pénétré, gangrené, par ce que Proudhon appelait la « pourriture parlementaire ».

Les réformes promises ? Qui y croit, aujourd’hui ? Il en est du vote comme de la repopulation : la grève commence — on est las de faire des enfants pour la misère et l’abattoir ; on est las de faire des députés qu’on engraisse, sans même l’espoir du réveillon, le festin de la nuit de Noël.

L’œuvre de la Commune ? La voilà, son œuvre : ce dégoût, cette défiance ; et c’est pour cela que je la salue, que je la déclare féconde en enseignements, propice en conseils, vénérable aux générations à venir.

Elle a été (je l’espère, du moins) la dernière révolution politique » de ce pays ; la dernière convulsion romantique d’un état d’esprit qui n’a enfanté que le néant ; le dernier essai « parlementaire » de ceux pour qui tout parlementarisme est piège et duperie !

Un de ceux qui en furent, de cette Commune ; qui y tint sa place sans cabotinage et sans férocité ; dont elle vengeait toutes les douleurs, toutes les humiliations, toutes les blessures ; dont elle réalisait tous les vœux ; et qui la défendit, fusil au poing, jusqu’à la dernière minute, n’a dit, jadis, en une heure de mélancolie :

— Qui sait s’il ne vaut pas mieux qu’elle ait été vaincue ? Nous aurions été, peut-être, bien embarrassés de la victoire…

Et c’est vrai ! Des hommes avaient remplacé des hommes, voilà tout ; sans que rien fût modifié au rouage social. Ce Dix-Huit Mars serait devenu sans doute un