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Page:Séverine - Notes d'une frondeuse, 1894.djvu/10

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ix
PRÉFACE

» D’où me viennent ces idées goguenardes et cruelles ?

» C’est que je sors de la pétaudière où ils jacassent, du poulailler où ils pondent leurs phrases.

» Ils devaient se plumer comme des coqs, s’ouvrir le crâne à coups de bec, s’enfoncer les ergots dans le cœur ; les aigles du ministère devaient enlever la minorité dans leurs serres, les oies de l’opposition devaient sauver le Capitole.

» Et toute la volière est du salmis de coup d’État !


» Leur affaire est claire, ça leur pend au croupion !

» Il y a de braves gens et des gens braves là-dedans — des fourvoyés ! Mais le soudard en question n’a qu’à montrer son nez pour que la rigolade que nous nous promettons, mes camarades et moi, nous soit servie toute chaude.

» Ou bien, ces « honnêtes et modérés » reprendront les traditions scélérates des égorgeurs de Juin et de Mai. Ils feront foncer sur le peuple roussins et soldats. Ces infamies ont leur envers :

Qui du glaive a vécu, périra par le glaive.

» Je ne les vois pas blancs, quoi qu’il arrive !

» Une nation a besoin du sabre ou de l’idée.

» L’idée, ils la roulent dans des périodes longues, bêtes, lourdes, qui l’empâtent et la tuent.