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viii
PRÉFACE

depuis que notre idée est sortie du sol, on en veuf tuer la graine. On a raison, car, seuls, nous sommes un danger, et nous méritons le mur, ayant toujours accepté la révolte, même quand elle nous paraissait précoce ou d’avance écrasée.


» Mais il est possible qu’à la prochaine razzia on canarde, à l’hasard de la fourchette, les Spuller comme les Vingtras.

» Nous qui avons secoué le prunier, nous nous attendons à recevoir des prunes ; et, si dur à passer que soit le moment où elles pleuvent, comme on s’y attend depuis le commencement de sa carrière — puisqu’on s’en est payé pendant l’orage — on en prend son parti sans trop geindre. La mort était l’atout promis dans le jeu que l’on joue — on reçoit l’atout et c’est fini.

» Il n’en serait pas de même pour ceux qui se sont crus des malins — de vrais malins ! — qui font de petites moues de pitié quand on parle devant eux du péril en épaulettes ; et qui ont l’air de dire que c’est de la rhétorique de plumitifs.

» Quelle grimace, mes enfants ! Et il n’y aurait pas à les traiter de poltrons, ces votants de Panurge, qui passeraient, en une nuit, du pré à l’abattoir.