Page:Séverine - Notes d'une frondeuse, 1894.djvu/132

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JUSQU’À LA MORT !…


La voilà endormie à jamais dans sa couchette d’érable, celle qui fut fidèle jusqu’au trépas, fidèle dans la défaite, dans la déroute, dans la proscripiion et l’exil : Marguerite de Bonnemains !

En terre étrangère, elle repose ; les planches de son cercueil ont un restant de sève belge dans leurs veines taries ; les prêtres qui l’ont absoute ont failli dire : « Savez-vous ? » à Dieu, à la fin des oraisons — rien n’est français autour d’elle, que les baisers dont furent ointes, à l’heure suprême, ses petites mains ; que l’écho des mots qu’entendirent à peine ses oreilles assourdies ; que les larmes qui, versées par d’autres yeux, tombèrent sur ses prunelles troubles et s’y figèrent, sceau d’amour et de douleur !

Maintenant, elle repose — enfin ! La voici à l’abri des injures, des propos sales, des attaques haineuses, de toutes les flèches empoisonnées et souillées qui, trois années durant, prirent pour cible ce faible cœur de femme,

Elle n’entend plus rien, que les bruits berceurs, les