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NOTES D’UNE FRONDEUSE

Ensuite, le foyer est vendu 34 francs ; les quatre appliques à gaz de cuivre jaune, à cinq branches, 60 francs pièce.

On traverse le salon, celui où Boulanger, voûté comme un vieillard, les mains fébriles, le regard fixe, la voix cassée, dit adieu aux quinze amis de France (quinze, vous entendez bien !) venus pour escorter la disparue.

— Merci, merci, balbutiait-il. Et, tout à coup, son front s’abattait sur une épaule, des sanglots convulsifs lui secouaient le corps.

Il est sinistre, dans sa gaieté, dans sa clarté, dans sa tonalité blanche, ce salon où rien ne demeure d’autrefois, que deux sur trois des draperies de fenêtres, celle du milieu ayant été descendue sous le hangar, à titre d’échantillon.

Mais on se rend dans la petite pièce voisine : une sorte de boudoir. Les tentures qui la garnissent, une paire de croisées, et une immense portière de damas brique, strié jaune, sont réglées à 260 francs.

Par le palier traversé, nous voici dans la chambre à coucher du général… Les draperies sont semblables à celles qui tendaient la pièce réservée à sa mère : andrinople rouge encadrée de bandes écrues semées de fleurettes. L’ameublement est en pitchpin, très simple. L’ensemble donne l’impression d’une chambre d’ami, aux bains de mer ou à la campagne.

Le lit est adjugé 185 francs ; l’armoire anglaise à tiroirs et glace de côté ne dépasse pas 123 francs.

Et c’est tout — tout ce qu’il y a d’intéressant du moins, car des tas d’escabeaux, de tabourets, de divans, de coussins, de toilettes, ont été mis en vente au cours de la journée. Seulement aucun de ces meubles n’avait d’histoire, aucune particularité ne s’y rattachait ; on