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NOTES D’UNE FRONDEUSE

de leur cœur qu’on essayait, à coups de bank-notes, de leur disputer…

La dispersion de la bibliothèque a donné lieu à peu d’incidents, sauf lecture d’ « envois » enthousiastes, et que beaucoup de ceux qui les ont écrits ont dû faire racheter.

Six volumes de Georges Ohnet, portant en tête : « Au général Boulanger, son très dévoué », ont été adjugés 34 francs, à Chincholle. Plus, au même, Les Nouvelles de Mérimée, 13 francs ; un paquet de guides et cartes, 8 francs ; et un buvard de velours noir à œillets rouges brodés, 36 francs, qu’il m’a galamment cédé.

L’autre buvard, offert, paraît-il, au général par la duchesse d’Uzès, et superbe dans sa robe de peluche verte, anglée d’appliques émaillées — œillets toujours — écussonnée des initiales fatidiques, a été acheté 115 francs par M. Lemaire, un amateur d’ici, dont le goût est célèbre.

Les trois cartes géographiques en relief qui ornaient l’antichambre, ont été soldées ensemble pour 20 francs ; une carte électorale de la France et de l’Algérie, pour 14 francs.

Les livres dédicacés se sont bien vendus. Il y en avait d’un peu tout le monde : Zola, Jacques Saint-Cère, Tola Dorian, Émile Corra, Hector France, madame Carette, le colonel Yung, Théodore Cahu, etc.

Une phrase a égayé, par sa candeur dépourvue d’artifice. Elle est tracée et signée par M. Ed. Bonnal, au haut d’un ouvrage qui a pour titre : Les Armées de la République, et elle traduit la pensée de l’auteur par ces mots ingénus : « Au général Boulanger, au Proscrit, au