Page:Séverine - Notes d'une frondeuse, 1894.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LES FAISEURS DE CÉSARS


« On demande un brave général ! » écrivait un de nos confrères, voici cinq jours, dans le Matin.

Venait, ensuite, l’habituelle diatribe contre les photographes qui tirent les clichés au goût du jour ; les imagiers, qui se permettent de fabriquer, de préférence, les images qu’ils vendent le mieux ; et, enfin, les gens qui, mécontents de l’état de choses actuel — lequel est, cependant, bien fait pour satisfaire tout ensemble les délicats et les affamés ! — se permettent de tourner d’un autre côté leurs regards et leurs espoirs.

Finalement, l’auteur jetait sur l’Europe un coup d’œil d’indicible dédain. Et, après l’avoir déclarée toquée et détraquée ; après avoir tancé de belle façon la France elle-même (qui ne lui semblait pas marcher droit), constatait une fois de plus, avec une satisfaction sans mélange, que lui et son groupe gardaient intact le monopole de la vertu et du sens commun.

Je n’irai pas à l’encontre de cette illusion ; m’en remettant à la phrase du vieux Latin : « Les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre. »