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CEUX DE LA FOULE

L’EXIL DU PÈRE NAAS


Pour Maurice Barrès.

On le dit Allemand ; et c’est là-dessus qu’on se base pour l’empêcher de ramener en France ses tristes os ; de rentrer comme rentre le chien fidèle, blessé à mort, usé par l’âge, ou exterminé de fatigue, qui se glisse par la porte entre-bâillée, reprend, au foyer, la place habituelle et s’y couche — pour mourir !

On le dit Allemand… et, sur ses soixante-quinze ans, il en a voué cinquante-huit à la France ; comme il lui a donné ses sept enfants cinq fils, cinq soldats pour aider à la défendre, et deux filles pour aider à la repeupler !

On le dit Allemand — et, personnellement, il compte trente et un ans de service actif : sept ans de service militaire, avec douze campagnes ; et vingt-quatre ans de service forestier.