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NOTES D’UNE FRONDEUSE

soin d’une plaidoierie en faveur d’un malheureux doit être de préciser du mieux possible. Sinon, l’opinion, mal saisie de l’affaire, ne peut rendre son verdict en connaissance de cause.

Et c’est de la vie, du restant de vie d’un homme, qu’il s’agit ici…

En 1870, dès la première nouvelle des hostilités, Naas réintégra immédiatement la mère-patrie, renonçant à son poste, aux bénéfices qu’il lui assurait, à la retraite qui y était attachée. Deux de ses enfants étaient déjà sous les drapeaux ; il amenait les trois autres, tout son sang, toute sa chair ! Et ses filles firent de la charpie ; tandis que les derniers nés, trop jeunes pour combattre, s’appliquaient aussi de leur mieux — suivant leur grand vouloir et leurs faibles forces — à se rendre utiles.

Ai-je dit que le père, soucieux de cette situation. d’enfants nés à l’étranger et inscrits naturellement au lieu de leur naissance, s’était empressé, dès leur rentrée, de les faire immédiatement naturaliser ?

Tous ses devoirs remplis envers son pays, il le servit encore, en rentrant au corps des gardes forestiers. Jusqu’en 1884, c’est-à-dire jusqu’à soixante-sept ans, il tint, m’a-t-on dit, son emploi comme un jeune homme : plein de zèle, d’activité et de courage. Mais je ne réponds pas ici d’une petite inexactitude de date. Peut-être se retira-t-il un an plus tôt, peut-être un an plus tard… avouez que ceci est de peu d’importance.

Puis, à Bouxières-aux-Dames (où il séjournait depuis huit ans, près de Charles, son gas no 3), il se mit à bricoler ; à faire les tas de petits métiers que peut exercer, à la campagne, un ancien encore vert, qui ne veut être