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Page:Séverine - Notes d'une frondeuse, 1894.djvu/255

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NOTES D’UNE FRONDEUSE

d’hier comme un simple apéritif. C’est la tartine de caviar qui amuse la faim — et l’aiguise !

M. Brisson peut marcher ; l’opinion est avec lui ! Elle est également avec la justice (pour une fois, peut-on dire, sans être Belge !) si la justice, débarrassée de M. de Beaurepaire, veut agir net, vite, et droit. Elle est avec tous ceux qui s’affirment les défenseurs des spoliés ; avec tous ceux qui voudront la lumière, qui la feront éclatante ; et dont la poigne s’abattra, formidable, sur les hauts « profiteurs » — fussent-ils réfugiés dans les plis du drapeau, comme la Loïe Fuller dans l’orbe de son jupon !

Les trouver tous, voilà le devoir ! Après, s’exercera le grand droit révolutionnaire : la confiscation des biens, sur lesquels, dès maintenant, l’embargo devrait être mis.

Ce n’est pas le tout d’avoir, au 22 septembre, promené des chars à faire hurler le chien du Zodiaque, et ridiculisé l’Une et Indivisible ! L’heure est venue de l’évoquer autrement…

Je n’appelle pas la guillotine ; elle me fait horreur ! Mais je me souviens qu’à ses heures de danger, la République d’il y a cent ans sut faire rendre gorge aux accapareurs, aux fournisseurs, aux émissaires infidèles. On leur laissa la tête — les paniers étaient pleins — mais on les expédia étudier de près le régime pénitentiaire, voire les colonies… après les avoir mis nus comme de petits saints Jean.

Ah ! que vite il serait vite reconstitué, le milliard égaré, si quelques commissaires aux armées de l’autre 93 étaient chargés de faire battre le rappel des fonds !

La gangrène y est, mettez le fer rouge ! On vous laisse le choix de la place : au talon — ou à l’épaule !