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NOTES D’UNE FRONDEUSE

c’est que le produit du vol servait à tuer notre parti, et notre chef !

Au moins, les cambrioleurs, c’est pour eux !…

Si vous croyez que ma mémoire exagère, Monsieur, reportez-vous-en au texte même des aveux faits.

À la tribune, M. Rouvier dit :

« Quand j’ai eu l’honneur d’être président du conseil, en 1887, je n’ai pas trouvé dans les fonds secrets, pour les appeler par leur nom, une somme suffisante pour défendre la République comme il fallait la défendre… À côté des hommes politiques, il y a des financiers qui, quelquefois, donnent leur concours, quand cela est nécessaire… De cette réunion des concours personnels donnés à mon gouvernement, il a pu résulter un règlement ultérieur entre financiers. »

Et il conclut, ingénument cynique :

« Mais qu’avais-je à faire là-dedans ? »

Devant la commission d’enquête, M. Floquet précise encore davantage :

« J’aurais poussé la candeur un peu loin si j’avais pu me figurer que, dans la répartition du fonds spécial destiné à la publicité des journaux, et régulièrement touché par eux, les influences politiques ne s’exerçaient pas ; et si, m’enfermant dans une indifférence qui eût été une véritable abdication, je n’avais pas, au moyen des informations que j’ai recherchées et des communications qui m’ont été spontanément faites, observé et suivi d’aussi près que possible cette répartition ; non pas au point de vue commercial, qui ne me regardait pas, mais au point de vue politique, qui intéressait l’État. »

La probité privée est sauve, soit — mais la probité