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CEUX DE LA FOULE

PIERRE DENIS


La première fois que je rencontrai Denis, ce fut chez la Duchesse.

Entendons-nous. C’est bien celle que vous pensez… mais pas ainsi que vous le pensez !

À l’angle de la rue d’Uzès et de la rue Montmartre, était, est encore, un grand établissement genre Duval, placé sous l’invocation de la Ville de Paris, en mémoire des magasins de nouveautés qu’il remplaça. Peut-être, les boutiquiers du voisinage le désignent-ils de son nom patronymique ; mais, au Croissant, quartier des journalistes, en raison de l’emplacement qu’il occupe, on l’a baptisé singulièrement.

Et le petit nouveau ( ’adolescent qui débarque de sa province ou de sa banlieue, encore hanté des légendes abracadabrantes dont notre vie de labeur est entourée) demeure saisi de respect, quand, à cette question : « Où dînes-tu ? » un ancien, un vieux de vingt-cinq ans, répond, sans attacher d’importance :

— Chez la Duchesse !