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NOTES D’UNE FRONDEUSE

que pour assurer leur réélection ! Vous souhaitez une nuit du 4 août — et nous sommes en janvier, petit précoce !

Les braves gens (et vous avez eu raison de penser à eux qu’on néglige toujours) diront de vous : « Voilà un honnête homme ! » ce en quoi ils n’auront point tort. Ne vous rengorgez pas… vos moyens vous le permettent !

Les superficiels diront de vous : « Quel daim ! », vous croyant sincère. C’est des malhonnêtes ; il n’y a qu’à ne pas y faire attention.

Moi, qui vous connais un brin, j’incline plutôt, bien entendu, vers les uns que vers les autres — mais j’ai aussi ma petite opinion. Et elle s’extasie devant votre roublardise, votre ample malice, la belle envergure de votre ironie.

Je blague ?… Nenni ! Gros propriétaire terrien ; joyeux vivant ; grand buveur, grand mangeur, grand chasseur devant l’Éternel ; heureux comme tout dans ces landes de Bretagne, où les gars vous tirent leur chapeau en vous appelant : « Not’ Monsieur », vous vous moquez d’être député, aujourd’hui, comme de votre première culotte.

La grande aventure est passée (qui vous coûta bon !) — et nulle autre, sauf la guerre, ne vous emballerait autant ! Alors ?

Alors, un peu de fatigue s’y mêlant, ça vous devient égal, d’être salué par les huissiers du Palais-Bourbon ; injurié par les adversaires ; et « tapé » par les invalides du parti. Y tiendriez-vous encore, votre abnégation n’en aurait que plus de mérite — vos regrets personnels ne pesant pas une once auprès de l’embêtement monumental que vous alliez causer à vos collègues !

C’est ce dilettantisme qui me ravit ; cet amour de