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LES RESPECTUEUX


Alors, parce que, nettement, mais sans bassesses, sans vilenies, on a dit son opinion sur une politicien qui disparaît, les enfants de chœur du ferrysme crient au sacrilège ?

Alors, parce que, rendant justice à la valeur étatiste du défunt, on s’est permis de discuter l’homme et son œuvre ; parce que, saluant, comme il sied, au passage d’un enterrement, on s’est dispensé de génuflexions, il s’ensuivrait qu’on a manqué au divin sentiment : « de la pitié envers les vaincus » !

Des vaincus ! — Où ça ?

Un vaincu, ce chef de la Chambre haute, le second dans la nation ; à qui le Parlement a voté les honneurs funèbres ; et qui s’en va escorté par ses pairs, traînant à son char tous les corps constitués ? Un vaincu, celui-là qui s’éteint riche, en pleine revanche, comblé d’hommages ; laissant après soi une famille influente, ses amis en places, son parti au pouvoir ?

Ma parole, c’est à se demander si l’on rêve, si les