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NOTES D’UNE FRONDEUSE

mots n’ont pas perdu leur signification, et les faits leur évidence !

Au lendemain de la séance de Lang-Son (et en attachant aux revirements de la politique qui n’entraînent ni la mort, ni l’exil, ni la prison, une importance que ne comporte peut-être pas la simple perte d’un portefeuille) au lendemain de cet effondrement ministériel, oui, peut-être, eût-on pu prétendre que M. Jules Ferry était un vaincu. Et encore !

Nul ne songea à le dire de Gambetta ; qui disparut cependant, lui, deux ans seulement après sa disgrâce et le meeting de la salle Saint-Blaise… dont le déclin fut morne, et l’agonie désolée.

Or, il y a huit ans que M. Ferry connut la défaite ; et il succombe en plein retour de fortune. Laissons donc là cette allégation risible autant qu’illogique ; car nulle mauvaise foi, si robuste fût-elle, ne parviendrait à établir que M. Ferry n’avait pas fait, dans la politique, une rentrée triomphale ; qu’il n’est pas décédé président du Sénat ; et que ses obsèques n’ont pas été tout ce qu’il y a de plus nationalement officiel !

Voilà pour ce qui est du « vaincu ». Reste donc la question de pitié ; la question de respect.

Deux ou trois Joas de Fourcharupt, imbibés de vénération, m’y rappellent ; piaillent de ce que, bénisseuse d’ordinaire, et sentimentale à faire éternuer la lune, je refuse à leur deuil mes faciles larmes. Et ils prêchent, d’une voix mouillée, la déférence envers tous les défunts — tous, tous, tous, sans distinction !

Ouais, que voilà un beau sentiment, mes maîtres, et que grandement il vous honore ! Seulement, pourquoi