M. BOULANGER
Je remets au garçon mon parapluie et ma veste :
— Eh ! bien, comment ça marchera-t-il aujourd’hui ?
— Oh ! aujourd’hui, ils feront du boucan ; l’Autre vient.
— Je sais. Et hier ?
— Hier, cahin-caha. Mais, avant-hier, ç’a été un chahut !… Quelque chose de honteux ! on ne s’entendait pas causer dans le couloir…
Nous parlons de la représentation nationale, ce garçon et moi ; et le dialogue a lieu dans un des corridors du Palais-Bourbon.
Les ouvreuses de théâtre aiment leurs acteurs et les vantent au public. Les ouvreuses, ici — ces grands gas à moustaches et en uniforme — ne condescendent à dire ni bien ni mal de leurs pensionnaires. Mais il y a, dans leur voix, un mépris si profond ; dans leur geste, une fatigue si dédaigneuse ; dans tout leur être, une conviction si nette de l’infériorité morale des gens de l’hémi-