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NOTES D’UNE FRONDEUSE

ex-Grand-Maître de l’Alma parens, tout comme de vulgaires filous !

Motif du procès : avoir donné des diners de plus de vingt couverts et avoir causé politique — de politique désagréable au gouvernement, bien entendu !

Non, mais croyez-vous que c’est intense, ce rapprochement ?

J’ai trouvé cela hier, en potassant dans mes livres, et je bénis une fois de plus le ciel de m’avoir fait naître rat de bibliothèque !

Car j’ai passé quelques quarts d’heure joyeux à parcourir cette brochure usée, fanée, jaunie par le temps et par la poussière, mais qui n’en est pas moins l’arme la plus décisive qu’on puisse opposer au procès d’aujourd’hui.

Si j’étais défenseur, c’est là-dedans que j’irais puiser mes arguments ; chercher le trait à la fois habile et loyal qui doit clouer l’accusation, comme une chouette mauvaise, contre le mur du prétoire !

D’autant que les défenseurs d’alors n’étaient pas des inconnus pour les gouvernants de maintenant. Ils se nommaient : Jules Favre, Marie, Grévy, Ernest Picard, Jules Simon, H. Didier, Berryer, Dufaure, Senard, Desmarest, E. Arago et Hébert — un joli lot d’éloquence !

Ces républicains-là défendaient le droit d’association contre l’Empire, comme les boulangistes, les monarchistes, et les socialistes d’aujourd’hui le défendent contre la République bourgeoise. Ils étaient peut-être plus logiques il y a vingt-cinq ans, les républicains, ces partisans farouches de la farouche liberté !

Laguerre, Naquet, Laisant, Turquet, Déroulède, Richard et Gallian sont de la fournée d’aujourd’hui. On