Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/400

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 394 —

1671


Plessis[1] qui va l’épouser à Metz, et de Monsieur qui va consommer à Chalon, et du Roi qui les va voir à Villers-Cotterets ; qu’en un mot, je n’en veux plus entendre parler qu’ils n’aient couché et recouché ensemble ; que je voudrois être à Paris pour n’entendre plus de nouvelles ; qu’encore si je me pouvois venger sur les Bretons de la cruauté de mes amis, je prendrois patience ; mais qu’ils sont six mois à raisonner sans ennui sur une nouvelle de la cour, et à la regarder de tous les côtés ; que pour moi, il me reste encore quelque petit air du monde, qui fait que je me lasse aisément[2] de tous ces dits et redits. En effet, je me détourne des lettres où je crois qu’on m’en pourroit parler encore, et je me jette avidement et par préférence sur les lettres d’affaires. Je lus hier avec un plaisir extrême une lettre du bonhomme la Maison[3] ; j’étois bien


    1672, du 19 juillet 1675, du 7 juillet et du 18 septembre 1680, et Saint-Simon, tome XIX, p. 428. — Des extraits de sa volumineuse correspondance, traduits en français, ont été publiés d’abord en 1788, un an avant l’édition allemande, sous le titre de Fragments de lettres originales, puis en 1807, sous celui de Mélanges historiques, anecdotiques et critiques sur la fin du règne de Louis XIV, etc. En 1843, M. W. Menzel a fait paraître d’autres fragments à Stuttgart, et M. G. Brunet a récemment (1857) donné une traduction nouvelle et annotée de tous ces morceaux, qui composent ce qu’on appelle encore quelquefois les Mémoires de Madame.

  1. 5. Le vainqueur de Turenne à Rétliel, César de Choiseul, comte du Plessis Praslin, maréchal en 1645, due de Choiseul en 1665, mort à soixante-dix-huit ans, en décembre 1675. Il avait épousé en 1625 Colombe le Charron, qui devint première dame d’honneur de la nouvelle duchesse d’Orléans, et mourut au même âge que son mari en janvier 1681. Voyez les lettres du 8 avril et du 22 juin 1672.
  2. 6. Nous avons suivi le texte du manuscrit. Dans les éditions de 1726, 1734 et 1754, cette fin de phrase est ainsi : « J’ai encore un petit reste de bel air qui me rend précieuse, et qui fait (dans l’édition de la Haye ce qui fait) que je me lasse aisément. » — Voyez la Notice, p. 39.
  3. 7. Voyez la lettre de Bussy du 19 mars 1672.