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assurée qu’il ne m’en diroit rien[1]. En effet, il ne m’en dit pas un mot, et il salue toujours humblement Madame la Comtesse, comme si elle étoit encore à mes côtés. Hélas ! il ne m’en faudroit guère prier pour me faire pleurer présentement : un tour de mail sur le soir en feroit l’office.
À propos, il y a des loups dans mon bois ; j’ai deux ou trois gardes qui me suivent le soir, le fusil sur l’épaule ; Beaulieu[2] est le capitaine. Nous avons honoré depuis deux jours le clair de la lune de notre présence, entre onze heures et minuit. Avant-hier nous vîmes d’abord un homme noir ; je songeai à celui d’Auger[3], et me préparois déjà à refuser la jarretière. Il s’approcha, et il se trouva que c’étoit la Mousse. Un peu plus loin nous vîmes un corps blanc tout étendu ; nous approchâmes assez hardiment de celui-là : c’étoit un arbre que j’avois fait abattre la semaine passée. Voilà des aventures bien extraordinaires : je crains que vous n’en soyez effrayée en l’état où vous êtes ; buvez un verre d’eau, ma bonne. Si nous avions des sylphes à notre commandement, nous pourrions vous conter quelque histoire digne de vous divertir ; mais il n’appartient qu’à vous de voir une pareille diablerie sans en pouvoir douter. Quand ce ne seroit que pour parler à Auger, il faut que j’aille en Provence : cette histoire m’a bien occupée et bien divertie ; j’en ai envoyé la copie à ma tante, dans la pensée que vous n’auriez pas eu le courage de l’écrire deux fois si bien et si exactement. Dieu sait quel goût je trouve à ces sortes de choses en comparaison des Renaudots[4], qui
- ↑ 8. C’est-à-dire (et Perrin a ainsi modifié cet endroit) qu’il ne me dirait rien de ce mariage.
- ↑ 9. Voyez la note 7 de la lettre 115.
- ↑ 10. Voyez la lettre précédente, p. 390 et suivante.
- ↑ 11. Des faiseurs de gazettes, des donneurs de sottes nouvelles, dont elle vient de parler. Voyez la note 5 de la lettre 30.